16 janvier 2019 0 Commentaire

Mon journal de bord

Semaine 1 :

Cela fait maintenant une semaine que je suis arrivé à la Réunion !

Après m’être installé dans les locaux de l’observatoire du Piton de la Fournaise, j’ai pris connaissance des lieux et me suis familiarisé avec les principaux appareils de prévention d’éruptions qui m’aideront dans mes recherches. Je me suis renseigné sur le rôle de chacun de mes collègues, leur travail. L’accueil a été génial, j’ai déjà tissé des liens avec les autres vulcanologues.

Les paysages sont magnifiques et le volcan est impressionnant.

Ci-dessous, une photo prise hier:

Dix destinations explosives

©https://www.easyvoyage.com/bon-plan-voyage/dix-destinations-explosives/reunion-piton-de-la-fournaise

Tout au long de la semaine, j’ai eu la chance d’échanger avec de nombreux scientifiques, ce qui m’a permis d’apprendre une multitude de choses. J’ai, entre autres, découvert les différents appareils utilisés pour la surveillance du volcan, et je vais d’ailleurs vous en faire une brève synthèse:

- le sismomètre : il désigne un capteur de mouvements permettant de mesurer le mouvement des sols. Il permet d’observer les secousses du volcan. C’est un outil de prévention présent sur tous les volcans. Lorsque la pression augmente, cela signifie que le volcan va entrer en éruption.

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©https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/geologie-dix-questions-seismes-1666/page/6/

- le GPS : il est aussi utilisé pour contrôler les mouvements du sol et détecter ce qu’il se passe à l’intérieur et autour du volcan. Il est devenu un outil indispensable de la surveillance volcanique.

Repère géodésique

http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/gps-et-geophysique.xml

- l’inclinomètre : il mesure les variations de pente du volcan. Si l’inclinomètre indique une mesure de la pente du volcan anormale, cela signifie qu’une éruption est à prévoir.

Mon journal de bord inc1

http://boissinoth.free.fr/inclinometre/inclinometre.php

- le gravimètre : il permet de surveiller l’évolution du magma. Lorsque le magma remonte, il y a changement.

p_Image44

http://boissinoth.free.fr/gravimetre/gravimetre.php

Semaine 2 :

J’ai réalisé mes premières actions sur le terrain et je me suis exclusivement concentré sur l’étude du magma. Hier, c’est avec joie que j’ai enfilé, pour la première fois, ma combinaison de vulcanologue !

Pour vous aider à mieux visualiser la structure d’un volcan, voici ci-dessous une représentation de ces différentes parties.

volcan1

©http://www.georisques.gouv.fr/articles/le-risque-volcanique

Semaine 3 :

Celle-ci a été mouvementée pour moi. En effet, mes collègues et moi-même avons été très occupés par l’actualité en Indonésie ; l’éruption du volcan Krakatoa a entraîné un énorme tsunami sur les îles indonésiennes. (pour rappel, un tsunami est provoqué généralement par un séisme, souvent sous-marin). Mais ce volcan, particulièrement actif depuis 6 mois, a craché une grosse quantité de cendres. Ce phénomène rare est appelé « tsunami volcanique ».

Mais alors comment se fait-il qu’il y ait eu un tsunami ensuite ?

Une partie importante du flanc Sud de l’île volcanique a glissé peu avant le tsunami, ce qui a provoqué un glissement de terrain dans la mer et donc la formation de gigantesques vagues qui se sont ensuite déplacées vers les côtes.

Une image aérienne du volcan Anak Krakatoa en éruption le 23 décembre, peu après la survenue du tsunami qui a frappé les îles du détroit de la Sonde, en Indonésie.

©https://www.ouest-france.fr/monde/indonesie/indonesie-qu-est-ce-qu-un-tsunami-volcanique-6150921

La semaine prochaine va donc être une nouvelle phase d’apprentissage dans mon métier. Je vais essayer de développer de nouvelles méthodes de prévention d’une éruption volcanique.

Semaine 4 :

J’ai vécu, à nouveau, une semaine chargée et épuisante.

En effet, j’ai développé de nouvelles méthodes de prévention d’une éruption volcanique que je vous partage ci-après :

Tout d’abord, toutes les nouvelles machines de surveillance telles que le sismomètre, le GPS, le gravimètre et l’inclinomètre, décrites précédemment, sont primordiales pour prévoir l’éruption d’un volcan.

Il existe également une autre méthode de prévention, non indispensable, mais qui peut aider à la prévention des volcans dans sa durée :

Quand un volcan est proche d’exploser, les animaux se taisent et fuient la région menacée. On peut se demander ainsi s’ils sont plus sensibles aux risques que les humains.

Autre méthode de prévention :

Les coulées de lave constituent l’une des rares menaces volcaniques contre lesquelles nous pouvons lutter par des interventions techniques, comme le bombardement des coulées par exemple.

Le bombardement aérien au-dessus d’un tunnel de lave a deux effets :

- l’écroulement de la voûte du tunnel crée un barrage pour la lave qui déborde alors à l’endroit de l’impact

- l’explosion enrichit la coulée en gaz

Enfin, les éruptions volcaniques sont presque toujours précédées par des jours, des semaines, des mois ou des années d’activité préalable qui reflètent le mouvement ou la pression du magma. De nombreuses éruptions sont ainsi détectées moins d’une demi-heure avant les coulées de lave (le Krakatoa par exemple, 25 minutes).

Les techniques de prévention des volcans ont beaucoup évolué depuis 40 ans et ont permis de sauver la vie de nombreuses personnes. Au XXe siècle, les gaz, les coulées et les cendres, entraînaient une mort quasi-certaine des populations.

Vendredi, j’ai profité d’avoir un peu de temps libre, pour enfin débuter mon rapport. Il portera sur les causes de l’éruption du volcan Krakatoa, en Indonésie.

La semaine prochaine, le rythme devrait être moins soutenu après 2 semaines intenses.

Semaine 5 :

Cette semaine, pas de grands événements majeurs. En effet, j’ai terminé mon rapport des causes de l’éruption du volcan Krakatoa.

De même, l’institut de la Réunion a reçu un grand vulcanologue et professeur d’université, Jacques-Marie Bardintzeff. J’ai donc participé à quelques réunions importantes pour l’étude des volcans et leurs préventions. Cela faisait étrange de recevoir un si grand vulcanologue !

Semaine 6 :

Malheureusement, aucune recherche n’a été possible ces 7 derniers jours en raison des conditions climatiques. Un cyclone de catégorie 3 avec des rafales de vent de plus de 180 km/h a traversé l’île et a contrarié nos recherches. Les autorités nous ont interdit de nous rendre sur le site du Piton de la Fournaise. Cependant, des réunions quotidiennes entre collègues ont pu se dérouler à l’observatoire cette semaine.

Fort heureusement, le cyclone n’a causé aucun dégât sur l’île.

Semaine 7 :

Mardi, j’ai reçu une classe de troisième de St Denis. Je leur ai expliqué mon métier, les caractéristiques des volcans, et une des questions des élèves est très fréquemment revenue dans leur bouche : Pourquoi prévoit-on mieux un volcan dans certains pays plutôt que dans d’autres ?

Effectivement, nous n’insistons pas assez sur les inégalités entre les différents pays sur l’étude des volcans. De nombreux volcans ne peuvent pas être prévus dans certains pays par manque de moyens, comme c’est le cas en Indonésie ou en Amérique Latine par exemple. L’Indonésie est un des pays les plus touchés par les éruptions volcaniques. Heureusement, elle peut compter sur des aides extérieures internationales comme la France par exemple.

D’autres volcans ne peuvent pas être prévus pour des raisons géopolitiques. Je pense notamment au Nyiragongo, situé au Congo. Son suivi est aussi effectué par des aides internationales.

De plus, les pays les plus pauvres sont les plus exposés. Les risques volcaniques aggravent notamment la pauvreté dans ces pays. C’est pourquoi, les pays  riches aident les plus pauvres avec des renforts de matériel de sauvetage, des dons, des équipes de recherche et médicales.

Enfin, les pays plus développés ont des moyens de surveillance très élaborés des volcans, et en particulier sur les volcans très actifs, comme celui du Piton de la Fournaise. Des appareils spécifiques sont ainsi utilisés pour l’étude de certaines parties du volcan. En Guadeloupe, les scientifiques ont mis en place des récepteurs capables de filmer l’intérieur du volcan de La Soufrière.

La question de ces élèves est primordiale pour moi afin de bien comprendre les différentes conséquences d’une éruption volcanique en fonction des zones géographiques et des pays.

C’était la première fois de ma vie que je parlais de mon métier si passionnant à des enfants !

Semaine 8 :

Cette semaine, j’ai étudié le comportement du volcan depuis le laboratoire avec les équipes locales.

J’ai pris connaissance des fonctions de chacun dans le laboratoire.

Pour ma part, je travaillais sur les retranscriptions des GPS.

 CoupeGPS

©http://www.ipgp.fr/~peltier/Recherche.html

Ci-dessus une coupe Nord-Sud du Piton de la Fournaise avec les vecteurs des déplacements GPS pré-éruptifs enregistrés les jours avant les éruptions d’Août 2004.

Cette semaine fut plus tranquille, pas d’événements majeurs. J’en ai donc profité pour appeler Jacques-Marie Bardintzeff et lui faire part de ce que j’ai appris et étudié précédemment. Cet échange a été enrichissant.

Semaine 9:

Cette semaine, à partir de mardi, à 10h30, le volcan a commencé à émettre une fumée suspecte.

L’équipe scientifique et moi-même sommes donc montés sur le volcan pour faire des analyses scientifiques des lieux. Nous avons prélevé de la lave ainsi que quelques cendres au sol et nous avons relevé la température à la surface du volcan.

Les jours suivants, nous avons analysé, au laboratoire, les échantillons des prélèvements scientifiques relevés mardi. Je me suis occupé d’étudier l’échantillon de roche volcanique. Je n’ai détecté aucune anomalie dans sa composition.

Même si les analyses des prélèvements des composants du volcan n’ont pas abouties, la fumée du Piton de la Fournaise a néanmoins continué à se dégager.

Semaine 10:

Le Piton de la Fournaise a enfin arrêté d’émettre sa fumée suspecte! Cela nous a permis de nous rendre de nouveau sur le site pour inspecter les lieux et repérer d’où était sortie la fumée.

Nous avons finalement découvert que la fumée était sortie d’un orifice du volcan non détecté auparavant.

Mes collègues et moi-même avons donc étudié cette faille qui faisait à peu près 1 mètre de diamètre.

Semaine 11:

Cette semaine, je me suis rendu à nouveau sur le volcan, ma partie préférée de ce travail, qui est de moins en moins fréquente, avec le développement de technologies qui permettent de contrôler plus facilement les volcans depuis le laboratoire.

Sur le terrain, nous étudions, nous observons, nous expérimentons, nous faisons des relevés de mesures, nous installons des équipements électromagnétiques, dans lesquelles nous faisons des prélèvements de roche. Cette fois-ci, nous devions étudier les coulées de lave récentes. Pour cela, j’ai procédé à un prélèvement de lave, pour pouvoir ensuite l’étudier en laboratoire. Nous avons analysé les échantillons et procédé à des expériences, qui nous ont permis de déduire si le volcan allait de nouveau entrer en éruption.

Cette fois-ci, tout est en ordre, et, parallèlement aux autres contrôles (avec les GPS par exemple), nous pouvons affirmer qu’il n’y aura pas d’éruption d’ici au moins cinq jours.

Semaine 12 :

C’était ma dernière semaine puisque je terminais ma mission au Piton de la Fournaise.

Mes recherches n’ont malheureusement pas abouties à des découvertes importantes lors de cette dernière semaine.

Mais, ma mission a été très instructive et très riche pour moi. J’apprécie énormément de me rendre sur les sites volcaniques et  d’avoir un temps d’avance sur l’événement, en prévenant les autorités lorsque le volcan devient menaçant. De plus, les recherches sont toujours différentes et le métier n’est donc pas répétitif. Je vais désormais retourner à Paris, travailler sur d’autres volcans et espérer pouvoir retourner prochainement sur le terrain.

Tout d’abord, je souhaite remercier sincèrement toute l’équipe qui a été incroyable, et qui m’a permis d’être encore plus passionné par ce métier.

Je remercie également l’Institut de Physique du Globe de Paris qui m’a envoyé effectuer cette mission incroyable. C’était une grande chance de partir en mission à la Réunion !

Je remercie enfin toutes les personnes qui m’ont suivi sur ce blog. J’étais très heureux de partager mes expériences avec vous !

A bientôt pour de nouvelles expériences !

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